Ricky déboutonna sa chemise pleine de sang, enleva son pantalon, salement taché lui aussi, ôta ses chaussettes (elles étaient propres pourtant, mais trois précautions valaient mieux qu'une) et fourra le tout dans le lave-linge.

Il sélectionna soigneusement le programme, la température, et mit la machine en marche. Pendant quelques longues minutes, il resta accroupi devant le tambour, hypnotisé par l'eau rosâtre et le linge qui tournait en rond dans un ronronnement ménager apaisant.

Il adorait faire la lessive. Ca l’aidait à faire le vide dans son esprit. " Rien de tel qu’une bonne petite lessive pour se délasser après l’effort "  se répéta-t-il en rangeant l’adoucissant à sa place, à côté de la poudre.

Comme toujours, la phase finale de rinçage du programme à basse température, ce moment fascinant où la machine se vide de son eau, produisit son effet salvateur.
En symbiose avec le lave-linge, il délesta sa mémoire des images des heures précédentes.

Les coups de couteau, le visage de l’homme, la petite flaque rouge par terre… tout disparut dans les égouts, là où finissaient les eaux sales…

Il se releva, enfila un peignoir de bain et regagna la cuisine. Il avait faim.
Il avait toujours faim après.

En général, il se tapait un énorme steak, un steak bien saignant car il aimait voir du sang dans son assiette.