Au départ, Roberto ne pensait qu'à La Cause. Bon sang, ces gars avaient raison de vouloir tout faire péter, qu'on en finisse une bonne fois pour toutes avec cette civilisation occidentale pourrie jusqu'à la moelle, que tout disparaisse dans une marée de sang et de gravats, et que les meilleurs (les membres du GTR) repartent sur des bases nouvelles.

Bien vite, il ne vécut que pour les réunions et les missions. Il y avait dans son groupe des types formidables, dont certains avaient des années de clandestinité derrière eux.

Il s'asseyait toujours à côté d'Alex, qui avait rejoint l'organisation en même temps que lui. Au début, Roberto lui trouvait une sale gueule mais cette impression disparut rapidement. Alex était au-delà de la laideur. Quand on le connaissait, on ne voyait rien d'autre que son âme dans ses yeux, une âme pleine de rage et de détermination qui se reflétait dans un regard perçant et bleu.

Alex n'était pas du genre à avoir des amis et Roberto non plus. De toute façon, La Cause était plus importante que les sentiments. Ils étaient là pour tout faire péter et pas pour minauder comme des femmelettes. Ils étaient des co-équipiers, des frères d'armes, qui parfois buvaient ensemble, pour décompresser après une mission difficile. Ils partageaient l'ivresse, l'oubli, pas grand chose d'autre. Mais pour Roberto, c'était déjà beaucoup.