Jérôme avait décidé d'attendre Léna dehors, sur la terrasse. Tout était prêt.

Les cocktails étaient au frais (elle adorait ces saloperies à la noix de coco, avec de la crème fraîche, elle pouvait s'en enfiler trois d'affilée). Le dîner avait été livré par le traiteur dans la matinée. Marcelle avait fait le ménage et dressé la table comme il le lui avait demandé, avec les couverts et les bougeoirs en argent (Léna avait une vraie vénération pour ces babioles bourgeoises qu'elle n'avait jamais pu se payer) et un bouquet de roses blanches (ses fleurs préférées).

Quant aux précieux documents que Jérôme comptait bien lui faire signer (avant minuit, si possible, comme ça il pourrait se coucher pas trop tard) ils n'attendaient plus que sa signature, bien au chaud dans le tiroir du secrétaire en merisier.

Il pensa une fois de plus à son père, ce vieux salaud qui ne lui avait jamais rien donné d'autre que la vie. Et ce penthouse avec vue sur le parc, une de ses anciennes garçonnières. Le vieux n’en avait plus l’usage, il était devenu sénile, trop malade pour ça... D'après l'infirmière, il n'en avait plus pour très longtemps, quelques semaines tout au plus...

Les vautours n'allaient pas tarder à se manifester. Il les attendait de pied ferme.
Il n'allait rien leur céder, pas un centime, que dalle.
Tout ce pognon lui revenait, à lui et à lui seul.

Il ricana doucement et ferma les yeux.

Il ricana doucement et ferma les yeux. Le soleil à ce moment de la journée, était parfait: chaud mais pas brûlant, raisonnablement tropical.