Pendant que Marina officiait aux côtés du docteur Marbella, Carmella, deux étages plus bas, nettoyait distraitement la plaie purulente d'un vieillard acariâtre. Elle n'était pas jalouse. Non. Plutôt inquiète et mal à l'aise.
Elle avait l'impression que quelque chose ne tournait pas rond dans la tête de sa meilleure amie.

Plusieurs petits détails lui paraissaient étranges.
Par exemple, quand l'infirmière en chef avait appelé Marina pour lui demander de monter en salle d'op, elle avait semblé très contente. Beaucoup trop contente pour être honnête.
Il ne fallait pas en déduire de conclusions hâtives, probablement, mais tout de même...
Cet enthousiasme excessif jetait une lumière nouvelle sur d'autres gestes, attitudes et commentaires de Marina qui, à la réflexion, semblaient suspects.

Evidemment Carmella ne pouvait pas adresser de reproches à Marina puisque c'était son idée à elle d'affecter l'adoration à l'encontre de Marbella. Ca faisait partie du plan qu'elle avait fomenté elle-même.
Dans cette affaire, Marina n'avait rien à gagner. Elle aidait Carmella par pure amitié et Carmella s'en voulait un peu de la soupçonner, peut-être à tort.
Mais elle ne pouvait s'en empêcher.
Si Marina venait à la trahir... que se passerait-il?

Elle eut un geste maladroit et le vieux se mit à vociférer.
Entre deux obscénités, il gueula qu'il voulait mourir en paix.