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En attendant l'arrivée de son beau-frère (en retard, comme toujours), Chris Winter sirota une bière brune, puis une autre, puis une troisième.
Il avait emporté avec lui le journal du jour dont il parcourut les gros titres et tourna les pages sans parvenir à se concentrer sur le moindre article.
Les nouvelles du monde n'étaient pas bonnes (pourquoi le seraient-elles tout à coup devenues?) et Chris n'avait pas l'énergie d'analyser en détail les catastrophes en cours, ni la patience de démêler l'écheveau complexe des intérêts et des conflits.![]()
La conclusion était toujours la même: il y a trop de cons et de salauds sur cette planète pour qu'on puisse rigoler tous les jours.
Est-ce que ça finirait par s'arranger?Devant la faible probabilité de ce miracle, il se sentit minuscule, désarmé, ridicule.
Ou alors c'était la bière qui à cette heure de la journée ne lui convenait pas du tout.Malgré l'animation qui régnait dans le snack, le bruit des conversations et les allées et venues des serveuses, il était vaseux, mou, proche de l'assoupissement.
Il n'avait même pas faim.Une grande brune à l'air hautain (une étudiante engagée pour l'été sans doute, ou une comédienne au chômage) s'approcha pourtant de sa table à contrecoeur, son carnet de commandes à la main.
- Vous avez choisi?
C'était plus qu'une question: presque une menace.
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