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Il devait être environ trois heures du matin quand Michaël fut tiré de ses rêves par des bruits bizarres dans le squat, au numéro 6 de l'impasse du marteau. On aurait dit des bûches en train de crépiter dans une cheminée. Mais c'était impossible. Il n'y avait pas de cheminée dans ce taudis délabré qui ne ressemblait en rien à la maison de ses parents.

Il ouvrit les yeux et il vit Magali assise par terre au milieu de la pièce, complètement nue, devant une chaise qui brûlait. Elle avait ce regard fixe et vitreux qu’il connaissait bien. Elle approchait ses mains du feu, dangereusement près, en murmurant des paroles incompréhensibles. Elle semblait jouer avec les flammes, comme si elle voulait les apprivoiser.

Une escarbille s’envola et retomba un mètre plus loin, sur une vieille caisse en carton qui prit feu instantanément.

Michaël bondit sur ses pieds en hurlant:

- Merde! Magali! Qu'est-ce que tu fous?

Elle ne réagit pas.

Il ramassa la couverture, la seule qu'ils possédaient, et de sa main libre il empoigna Magali par le bras et la tira violemment en arrière. Elle se mit à geindre, tenta de se dégager en se débattant violemment et lui mordit la main. Il la lâcha et elle s'écroula lourdement sur le plancher.

Il n'avait pas le temps de s'occuper d'elle. Il fallait d'abord éteindre le feu.

Il commençait à en avoir assez de cette vie de dingue. Il en avait marre de son rôle d’ange gardien, toujours là pour réparer les dégâts. Il ne supportait plus ces squats cradingues, cette bouffe de merde, ces odeurs d’urine et de vomi, cette angoisse permanente du lendemain.

Il voulait rentrer chez lui, retrouver sa chambre, son lit, ses petites voitures sagement rangées sur les étagères, l'odeur du café le matin quand sa mère l'appelait en bas dans la cuisine... Mais il y avait Magali.

 

 

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