Le patron du chenil, que Chris Winter avait imaginé sous les traits d’un homme fruste et rougeaud, était en réalité une jeune femme pâle et menue, à la voix mélodieuse, dont les grands yeux noirs brillaient dans la pénombre de son bureau.

- Je suis désolée pour votre oncle...

dit-elle en le fixant avec intensité.

- Je sais ce que représente la mort d’un proche...

- Oh, vous savez, je ne le voyais pas souvent, c’était un homme très occupé...

Chris avait l’impression qu’elle ne croyait pas un mot de l’histoire qu’il avait inventée, ce passé de portier dans l’hôtel de son oncle...
C’était une idée idiote, il aurait mieux fait de se déguiser en femme et de postuler pour le job de dame de compagnie...

- Je crois que nous nous sommes tout dit... à moins que... vous voulez ajouter quelque chose, monsieur... euh... Winter, c’est bien ça?

Monsieur Winter n’avait rien à ajouter.
Il se sentait vaguement honteux et était pressé de s’en aller.