Je ne comprends pas moi-même ce que je fous là, assis devant cet ordinateur au beau milieu de la nuit. Je suppose que c’est une forme d’angoisse qui me pousse à taper des mots sur un clavier...
Ou est-ce la solitude qui me joue des tours?
J’en viens presque à me dire que j’aurais dû me marier, avoir quelques enfants et un labrador, prendre des vacances en été... rentrer à l’heure du dîner... m’occuper du jardin le week-end... conduire mon fils aîné à son entraînement de foot... m’engueuler avec ma belle-mère...
Maintenant, c’est trop tard.
Je suis trop vieux.
La morgue est ma maison et les morts sont mes enfants.
Quelle femme et quel labrador pourraient supporter un type comme moi?
Tu ne réponds pas, chère machine car tu ne fais pas partie du monde des vivants et c’est sans doute ça qui me plaît en toi.
Bon sang, je crois que je suis en train de déconner là, mais tant pis, ça me fait du bien.
J’effacerai ce texte de ta mémoire tout à l’heure, promis.
En attendant, il n’y a qu’à toi que je peux confier ce secret idiot : j’ai l’impression que c’est bientôt la fin.
La fin de ma vie.
Je le sens.
